Ce fut l'année du feu, l'année de la destruction, l'année où nous avons
repris notre liberté. Ce fut l'année de la renaissance, l'année de la tristesse
infinie, l'année de la souffrance, et une année de joie. C'était un âge
nouveau, c'était la fin de l'histoire. C'était l'année où tout a changé.
Ce que nos ancêtres ont fait en ce jour gris est encore sujet à débats
malgré le siècle écoulé. Les témoignages de cette époque révolue nous
dépeignent un tableau aux couleurs criardes, réalisé au couteau par une
main autodidacte. Les secrets que recelait cette terre les ont conduits à se
poser des questions… Comme tout enfant curieux, la recherche de
réponse prend le pas sur la raison. D’étape en étape, de détour en détour,
de révélation en révélation, nos aïeuls ont découvert l’innommable
secret de notre passé : nous n’étions que des pions sur un échiquier
appelé Aschalazyr.
Il leur a fallu un courage inébranlable pour oser braver des siècles de
traditions, de foi et d’histoire… pour pouvoir apercevoir ce que nous
nommons aujourd’hui en toute connaissance de cause : le libre arbitre.
En ce jour de commémoration, nous ne savons toujours pas ce qu’il est
advenu de ceux qui ont apporté le changement. Les écrits restent vagues
et l’on parle de disparition, de châtiment infligé à ceux qui ont osé se
révolter. Savaient-ils vraiment ce qui allait se produire à l’issue de leur
périple… je ne pense pas. Qui aurait pu prévoir cette invasion, cette prise
de conscience du mal. Absalon s’est révélée au grand jour laissant planer
un silence fuligineux sur la mort des entités et des règles établies.
Puis un grand cri est parvenu à nos oreilles, un cri de haine, de
réjouissance… et de solitude. Depuis lors, nous vivons en guerre, une
guerre sans fin, sans espoir … car ils sont légion.
Au coeur de cette noirceur, une lumière brille pourtant, celle du
souvenir de ceux qui ont oeuvré contre tous et qui ont réussi.
Nous avons franchi le front ennemi, nous sommes à l’intérieur de leurs
terres en ce jour. Défiant leur nombre, narguant leur volonté de nous
anéantir.
Nous sommes les descendants de la volonté des premiers et ici en ce
jour, nous leur rendons hommage pour ce qu’ils ont accompli.
Extrait du précédent discours annuel en mémoire des Artisans du
Changement. Retrouvé sur le corps d’un Capitaine des damnés.
Aucune trace de survivants.