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 Les carnets de Cornelius Fada

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Cian
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Cian


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MessageSujet: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:35

En guise d’introduction……

Je vais vous dire en réalité ce qui nous menace, bien plus grandement encore que le fil acéré d’une quelconque épée, bien plus gravement même que la leste échappée du temps.
Ce que nous devons craindre par-dessus tout, c’est la banalité. Car l’œil se fatigue, et avec lui le cœur, des moments et des choses par trop semblables. L’âme s’épuise à ne pas trouver de renouveau dans la continuité des jours.

Je crains qu’un jour les hommes ne se mettent à trop usiner les choses et que, déterminés à les rendre pratiques et peu chères, ne finissent par vivre dans des espaces en tout points identiques, déconnectés de leur propre créativité et même de la simple roue des saisons.
Mais laissons-là ces perspectives ombrageuses et revenons aux temps présents qui nous occupent, ainsi qu’au sujet de notre étude.
Il semble en effet que la vie ait en ces terres trouvé un parfait antidote à mes craintes. Il s’agit du peuple, ou plutôt des peuples, que l’on regroupe sous le nom de Féeries.

Mais avant d’aller voir plus loin dans le fatras disparate de leurs mœurs respectives, je tiens à exprimer leur point commun, car ils en ont un, eux dont les formes et les coutumes font pourtant preuve de la plus grande diversité:
Aucune banalité n’est possible en leur présence. Voici en peu de mots ce que je tiens pour leur plus grande magie.
Par quel miracle est-ce possible ? Comment se fait-il que chaque rencontre soit un éclair, une sincère découverte, un juste émerveillement, en ce compris avec une Féerie que vous auriez déjà croisé quelques minutes auparavant ?

Pour expliquer cela, point de réflexion rationnelle, elle serait ici caduque et insultante. Je me risquerai juste à préciser que les Féeries semblent forgées – bien que « tissées » me semble mieux convenir aux plus délicates espèces – dans l’âme même de ce pays. C’est par cette qualité précise qu’elles me semblent bénéficier des plus beaux atours d’un jeune printemps, qui bien que répondant d’un unique et cyclique processus, n’est jamais pareil au précédant et toujours diffère du prochain.
Ainsi en va-t-il des Féeries, car pour elles tout ce qui s’en va est déjà de retour, et tout ce qui est ancien se montre toujours neuf. Rajoutons à cela une capacité à ne jamais être là où on les attend, un net goût pour les surprises et les yeux ronds, et nous toucherons du doigt, peut-être, l’étourdissant mystère qui réside en leur bon voisinage.


Cornelius Fada
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Cian
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MessageSujet: Re: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:40

Note préeliminaire

Je voudrais conseiller au lecteur qui s’attaque à ce texte de le lire dans son entièreté, et de porter plus encore son attention sur les espèces qui lui semblent inconnues ou étranges.
Si tout le monde sur le continent est habitué à croiser des Féeries et même à vivre avec elles, il est logique que les espèces les plus liantes soient les plus souvent fréquentées. Ainsi, il n’est pas rare de croiser des humains pour qui la Féerie est uniquement constituée de lutins malicieux et blagueurs.

Ce serait nier la multiplicité chatoyante et les mille reflets que peut prendre Féerie. Je vous invite donc à prendre des risques, à changer votre vision du peuple Fay, à lui donner une chance d’exister pour vous, dans le respect de ses inclassables possibles que je crois aussi grands que ceux de la vie même.


Les Red Caps

Au-delà des landes, dans ces lieux esseulés où même l’âme semble avoir pris peur, les guerriers red caps attendent l’imprudent, le voyageur, l’inconscient, le promeneur, l’aventurier, en un mot comme en cent, leur victime.
Le perceront-ils de la lame qui fait leur fierté ? Certains disent qu’ils possèdent une épée magique dont la lame rejoint l’infini, sans se soucier, bien entendu, des malheureux corps qui se trouveraient sur son passage…
Mais qui peut prétendre avoir vu cette épée et être là pour le raconter ? Peut-être n’existe-t-elle que dans la parole des conteurs et dans ces peurs profondes qui s’accrochent même au-delà de l’éveil… Qui peut savoir ? Peut-être a-t-on, à force d’en parler, donné de sombres idées aux Red Caps les plus versés dans d’inavouables arcanes…
Il est toutefois un fait bien connu de leurs mœurs, car il faut dire qu’il n’en font pas secret et en tirent même une fierté certaine. Peuple farouche et attaché à ses coutumes, les Red Caps deviennent plus dangereux encore lorsque le bonnet carmin qu’ils tiennent invariablement vissé sur leur tête affiche un rouge triste, sale et terni.

Je m’explique : si vous croisez un jour un Red Cap arborant un couvre-chef du plus beau rouge coquelicot, méfiez-vous grandement. Mais si le même galuron affiche péniblement un teint rougeâtre pâle et fatigué, alors courez, ne vous retournez pas et si vous avez un Dieu, priez-le ! Car le Red Cap est en chasse, et il n’aura de cesse tant qu’il n’aura re-teint son traditionnel chapeau dans le sang frais d’une victime. C’est là pour eux une rude question d’honneur et de tradition, et croyez bien que votre vie pèse bien peu dans la balance…

Ainsi sont les Red Caps : guerriers, gardiens, peut-être, irascibles et assassins. Si vous tenez à la vie, soyez bien sûr de ne pas vous attarder en leurs terres, et espérez ne jamais vous trouver sur le chemin rouge de leurs raids acharnés.
Pour le reste, vous m’excuserez de pas trop m’être attardé à les côtoyer. Si mon amour des Féeries est le cœur de ma vie, je ne désire pas pour autant en mourir.
Quoique…
…Mais alors plutôt dans les bras et le parfum d’une fée des brumes ou des cascades…


Les Dryades

Quelle créature insensible il faut être pour s’enfoncer dans les forêts de vieux chênes et n’y voir que des matériaux de construction ou de la nourriture pour le feu…
Les arbres sont pourtant vivants, sensibles, et plus habités d’esprit que bien des humains…Je le sais pour avoir un jour touché l’écorce d’un jeune arbre et avoir senti battre son cœur en écho au mien…
Et que dire de ces endroits où l’écorce est tombée, révélant sous nos caresses une peau étonnamment douce, allumant en nous une ivresse insoupçonnée. Il faut alors s’abandonner, enserrer l’arbre dans ses bras amoureux, sentir la ligne devenir courbe, l’immobile devenir onde de désir et de beauté pure.

Les Dryades sont belles, voilà tout ce qu’il y a à dire, et ces mots pourtant semblent creux en leur présence. Leur peau de sauvageonne est striée de fines veines de bois, et elles la couvrent parfois de spirales de lierre où de feuilles aux couleurs de la saison et de leurs yeux changeants. Leurs long cheveux se confondent par endroit avec d’infimes brindilles qui auraient appris la danse des eaux. Leur bouche vient du cerisier, leurs yeux sont des premières fleurs de printemps, et leur corps tout entier est comme une pomme à croquer.
Les Dryades sont belles. Ma main en tremble encore, tant d’années après...


Les Fées

Que d’enchanteresses et féeriques créatures n’a t-on pas désigné par ce vocable – éponyme, il est vrai –, sans doute parce qu’il semble être à l’origine de toute chose rêvée ou même entraperçue.
Bien sûr, les Dryades sont un peu Fées, et les cousinages gnomiques ont créé bien des créatures telluriques qui ne sauraient renier leur appartenance aux Beaux Rivages. Même les terribles Genaudes ne sont jamais que l’ombre-souvenir de ce qui fut Fay un jour.
Et pourtant… Et pourtant… Et pourtant…
La Fée, la pure Fée, celle qui n’a besoin de nul autre qualificatif pour apparaître en nos cœurs, est une forme plus primordiale et plus diaphane encore que toute magie présente en ce monde.
Et c’est ici que les mots viennent inévitablement à manquer, tant le plus grand des bardes ne saurait que rester hébété devant tant de beauté lumineuse, tant de grâce chrysalidée, tant de danse dans le geste, tant de musique dans le mot.

Que trouveriez-vous donc à dire s’il vous était donné de contempler un éclat d’arc-en-ciel lové au cœur de votre main ? Si le premier flocon de la première neige virevoltait pour vous dans la lumière du premier soleil ? Si l’air tout à coup s’emplissait d’invisibles bruissements d’ailes soyeuses ? Si le vent était soudaine parfumé de jasmin et d’eau de lune ? Et si tout cela n’était, en regard d’une présence entraperçue, qu’un assemblage insipide de mots vains et creux ?
La Fée est plus que tout cela réuni. Vous pouvez toujours, si vous le désirez, vous mettre en quête d’une de ses apparitions dans le changement subtil d’une lueur d’étoile lointaine… Mais autant prévenir les prétendants aux rencontres enfaytées : quoi que vous fassiez, rien n’y fera. Aucun acte, aucun présent ne pourrait dire l’ampleur de l’allégeance nécessaire à la beauté du monde. Ce sont elles qui décident. Toujours.
Selon quels critères ? Leur en faut-il vraiment ? Certains disent, c’est vrai, qu’elles aiment les cœurs purs et qu’elles seront toujours là pour eux…
Les sages disent qu’un cœur pur, bercé d’émerveillé, pétri d’innocence est le bien le plus précieux de l’homme…
Je crois savoir pourquoi.


Gwaernardelle

« J’irai par les montagnes
J’irai par les chemins
J’irai selon les vents
Je sais que tu m’attends
Je ne peux rester loin de toi plus longtemps
Et quand j’arriverai
Je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert
Et de bruyère en fleur »


Je dépose délicatement la plume sous le poème. Gwaernardelle est derrière moi. Avec le temps, j’ai appris à sentir sa douce et inspirante présence.
Je me retourne lentement car je la sais farouche. Pas pour vérifier sa présence, non, je sais trop que sans elle aucune inspiration n’aurait été possible…
Si je me retourne, c’est pour me plonger dans ses yeux. J’y vois les reflets de ma bougie, comme deux étincelles d’âme, mais il n’y a pas que ces lumières là. Pas seulement.
L’espace d’un instant suspendu entre les mondes, je vois dans ses yeux l’étincelle sacrée de la poésie, le chant d’étoile qui a créé l’univers, je vois l’amour à sa source et la beauté cachée des moments éperdus.
Mais déjà elle s’éloigne… elle devient translucide…Un autre poète, sans doute, quelque part, cherche l’inspiration magique qu’elle seule peut amener.

Je la laisse s’effilocher doucement dans le silence doux-amer de la nuit.
Je la remercie, du bout des lèvres, silencieusement.
Il suffira que je cherche encore, que mes mots à nouveau désirent l’absolu, et je sais que je sentirai sa présence derrière moi et, peut-être, sa main sur mon épaule.
Un jour je lui dédierai un poème, rien que pour elle. Je chanterai la beauté des yeux de Gwaernardelle. Ce sera le plus juste des retours.


Les Genaudes

Bien sûr, à moins que vous n’apparteniez à un peuple – improbable, il va s’en dire – privilégiant la rationalité à tout prix, vous avez grandi à l’ombre de quelques histoires… Vous les avez entendues, forcément, par goût et par hasard, elle voyagent, vous savez, et je crois que tous les stratagèmes leur sont bons pour arriver aux oreilles d’une enfant et ne pas le laisser grandir sans elles.
Bien sûr, dans ces histoires, quelques-unes vous ont plus particulièrement touché, et ont marqué votre imaginaire à jamais.
Bien sûr, vous avez tous en tête l’image d’une sorcière qui vous a terrifié. Nez crochu, œil reptilien, pomme de venin, bave aux crocs, voix de crécelle. Elle vous glaçait le sang, vous tenait immobile, assis dans un coin, elle vivait dans les ombres, dans les bruits, sous votre lit. Elle vous détestait. Elle vous voulait.

Bien sûr, je sais, vous avez grandi, et elle a perdu son emprise sur vous. Vous l’avez peut-être même oubliée.
Dans ce cas, vous ne connaissez pas les Genaudes.
Elles sont vieilles à en faire pâlir les cailloux, leur peau n’est qu’une géographie suintante de replis, de crevasses et de volcans purulents. Leurs yeux sont plissés par la haine, pure, sans justification ni fondement, juste par nature. Elles sont grotesques, claudesques, glauquesques, elles dandinent leur odeur de rat crevé, elles effraient les croque-mitaines et les zombies. Leur rire fait frissonner la nuit. La cruauté leur est un jeu. Elles connaissent les forces sombres du monde et en jouent comme avec notre destin.
Je parierais volontiers que le plus aguerri des aventuriers, ayant combattu les créatures les plus ignobles surgies des entrailles de la terre pourrait prendre la fuite devant les Genaudes. Car elles ne sont pas la spécification de vos cauchemars d’adultes, de vos craintes d’homme ou de femme expérimenté. Elle sont tout droit sorties de vos peurs primales de gosse. C’est leur force.
Et, bien sûr, elles vous détestent.


Les Sottais

L’âme attire les Féeries, cela est chose sûre. Ils aiment à fréquenter ceux dont l’âme est belle, auréolée d’émerveille et colorée par l’aura de l’enfance. Mais ils aiment aussi les lieux ayant une âme. Ils fréquentent peu le vide, le sordide ou le banal. Ils deviennent au contraire, l’âme d’une source, d’une clairière, l’esprit d’un ciel, d’un horizon ou d’un paysage.
Et n’oublions pas les maisons ! Elles aussi, ont de l’âme, certaines plus que d’autres, bien sûr. Alors que certaines habitations ne sont que des lieux de passage négligés, d’autres semblent créées pour pouponner les instants, se lover bien au chaud, accueillir la flamme de la bougie et l’ambiance de la soirée. Certaines maisons enferment, alors que d’autres sont la dernière vigile avec porte ouverte sur la vie qui attend au dehors.
Si vous possédez une maison de cette deuxième catégorie, vous avez sans doute la chance de côtoyer un Sottai. C’est en effet l’âme de la maisonnée et des pénates que ce dernier préfère. Peu aventureux, il sera par contre d’une aide extrême pour les tâches ménagères, qui ne le rebutent jamais tant il aime bichonner les maisons comme il le ferait d’une pierre précieuse. Bien entendu, ce sont des cuisiniers hors pairs, des gardes d’enfants épatants, et ils n’oublient jamais de nourrir le chat. Une bonne bouffée de tabac saucé au coin d’un feu, le reflet des flammes dans un verre de liqueur d’airelles, une bonne histoire partagée sur un tapis moelleux au son du bois qui craquotte dans l’âtre, voilà ce qu’ils aiment, et disons-le, nos avons tous besoin de ces moment là aussi.

Cette propension à une vie douillette et confortable les rend particulièrement peu farouches et faciles à amadouer. Alors que certaines fées demandent une allégeance sans borne, les Sottais, eux, deviendront votre ami contre un peu d’alcool ou de tabac fins.
Un bouquet de fleur séchées… La venaison qui pend aux poutres du plafond… Un doigt qui traîne dans la mousse onctueuse d’une bière rousse, ou le crépitement d’un cidre de bonne pomme… L’odeur chaude du pain à peine cuit, ou les mains autour d’un café qui rassure comme personne… Tout cela rend un Sottai heureux… Et les humains seraient bien bêtes de bouder ces menus plaisirs qui font la saveur des heures.


Les Kabouters

Assez proches des Sottais par leur goût d’une existence heureuse autour d’une table bien fournie, les Kabouters appréhendent toutefois la chose avec une démesure qui leur est propre. On ne les verra pas attablés autour de quelques tranches de pains épaisses nappées d’onctueuse confiture de myrtille. Chaque repas, chez eux, aurait plutôt tendance à tourner au banquet, où tout est savoureux mais surtout en gargantuesque quantité. Le moins que l’on puisse dire des Kabouters est qu’ils sont bons vivants, et comme ils le disent dans leur patois aux « r » délicatement roulés : « Karrrpé Djem, donc ! »
On les dit descendants d’une race plus ancienne, venue de loin, au nord, de ces terres où la neige ne fond jamais. Et on les croirait volontiers enfançons d’une race lointaine et rêveuse lorsqu’on les voit attablés, le ventre repu, en fin de banquet, se laisser emporter par les notes d’une cornemuse vers d’autres lieux où la contemplation du ciel ou de la lune est tout ce qu’il reste à faire pour trouver le bonheur.
Et à propos de lune… Il est notoire que les kabouters font les meilleures crêpes de tout le continent, et qu’elles ressemblent précisément à notre pâle et sensuel astre nocturne…

Quant à moi, je conseillerai également leur « Bière de Mars », forte et savoureuse, pour tout dire inimitable. Un seul point m’inquiète : leur entêtement à ne pas vouloir en donner les ingrédients. Tout juste ai-je pu un jour leur arracher un commentaire assez saugrenu : « si vous saviez, vous n’en boiriez pas, et ce serait dommage ».
Mais allons ! Point d’idée sombre à la table d’un Kabouter ! Vous reprendrez bien un petit dessert, mon ami ? Après, nous danserons pour tasser tout cela, et puis un petit alcool aidera à faire passer !
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Cian
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MessageSujet: Re: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:42

Les Leprechauns

Sous la colline verdoyante où vous vous étiez allongé, un air de violon endiablé vous tire soudain de votre rêverie et la prolonge à la fois. Cette musique là semble s’entrelacer aux chants des oiseaux et du vent, sans jamais les supplanter ni les déranger. Assurément, cette musique est d’essence féerique.
Il vous suffira alors de plaquer l’oreille contre la terre et d’écouter attentivement. La musique résonne-t-elle à qui mieux mieux ? Vous êtes très certainement allongé sur la demeure d’un Leprechaun.
Bons vivants sympathiques et telluriques, Les Leprechauns sont d’aimables voisins qui se mêlent volontiers aux activités humaines, ce dont ces derniers ne se plaignent généralement pas. Car ces élégants habitants des tertres, qui aiment à se parer d’étoffes vertes et d’élégants souliers de cuir, sont les plus habiles artisans que l’on puisse trouver, et tout ce qui demande la souplesse et l’agilité des doigts ne saurait leur être secret.

Habiles couturiers, il rapièceront vos vêtements contre un peu de crème, et votre vieille tunique sera soudainement brodée de soie par des aiguilles de cristal. Vos vieilles godasses seront resemellées, rabibochées, reformées et vous donneront une démarche de prince (confort garanti). En un mot comme en cent, vos vêtements seront plus beaux que neufs ! A ce sujet, ne demandez jamais à un Leprechaun de vous réaliser des habits neufs (et donc ne lui en offrez pas !). Cela reviendrait à dénier ses capacités à tout remettre à neuf, et le vexerait à mort. Mais pensez à réparer le vieux plutôt qu’à épuiser la terre en créant du neuf, et vous penserez comme un vrai Leperechaun.

Malgré leur talents, on pourra toutefois regretter (ou non, selon les circonstances) deux vices typiquement leprechauniens.
Tout d’abord, ils s’adonnent à la boisson avec une constance assez inouie. On peut dire plus précisément que leurs journées sont rythmées par l’absorption de quantités industrielles de Whisky. Et on les comprend : inventeurs de cette noble boisson, ils en détiennent tous les secrets, et bien qu’il en aie donné la recette aux humains, il me semble qu’ils ont du garder quelques ingrédients pour eux. Leur whisky est en effet toujours un peu plus ambré, rond, moiré et pour tout dire doré.
Ce qui nous amène a leur second penchant : l’or, sonnant et trébuchant. Agitez une pièce devant eux, et vous verrez leurs yeux s’allumer d’un émerveillement avide. Cela est déplorable, mais est également porteur de sens. On dit les Leprechauns gardiens des trésors de la terre. A ce sujet, par une soirée de Fête Féerique, un ami Leprechaun impeccablement imbibé, sorti victorieux d’un concours de boisson qui l’opposait à un Kabouter, m’a avoué qu’ils cachaient toujours de l’or au pied des arc-en-ciels…
Déire de Leprechaun ébréché, sans doute. Il faudrait que j’en discute avec un autre, à jeun. Ce qui me semble plus rare encore, je le crains, qu’une araignée en tutu.


Les Matagots

Regardez et admirez :
La lame fine d’une rapière scintille et trace des lignes d’argent dans l’espace. Un regard félin vous toise.
Et hop : moulinet, jouxte de quarte, tierce sautée, feinte basse, trois petits bonds, botte de Sang-Bresson, piqué droit et touche !
C’était un régal pour tout qui sait entendre les finesses de l’escrime. C’était précis, élégant, intelligent, pour tout dire altier.
Malheureusement, vous êtes mort.
C’est ainsi que se passe généralement la rencontre avec un Matagot, surtout si vous êtes suffisamment suicidaire pour vous retrouver face à lui en situation de duel.

Le Matagot, bien qu’indiscutablement bipède, possède tous les atours du félin : une grâce déliée, une élégance insolente en toute circonstance, un détachement un brin hautain, un visage matousien, une queue en balancier, des yeux perçants, séducteurs et implacables, et bien sûr un petite zeste de cruauté. Quant aux griffes, s’il n’hésitera pas à s’en servir en situation d’urgence, il préférera de loin manier sa lame adorée, qui entre ses pattes, comme nous le savons maintenant, est tout à fait redoutable.
C’est toutefois un être raffiné : il répugne et méprise les combats de masse où la force bourrine et les cris taurins tiennent lieu d’exploit. Il est bien plus sensible à l’esthétique léchée d’un beau combat qui parfois devient danse, à la subtilité des fines lames et des regards qui se croisent dans la lumière pâle de l’aube. En un mot, c’est un duelliste, et, à sa manière sanglante, un incorrigible romantique.
On le dit aussi très bon barde, fin chanteur, aimant lancer de longues et déchirantes mélopées à la lune ronde et blanche.
On ignore s’il ronronne, lové en boule au coin de l’âtre.


Les Pixies

On pourrait à priori confondre les Pixies avec leur cousins lutins : les mêmes silhouettes fines et rapides, les mêmes yeux malicieux, des rires argentins fort semblables, une capacité à traîner sur des siècles (et peut-être plus) des manières de ce que les humains appellent « enfant ».
Ce serait toutefois nier les spécificités caractérielles des Pixies, et qui font d’eux une race féerique à part entière.
Bien qu’infatigables coureurs de lande, habitant l’ajonc et le genet, les Pixies recherchent frénétiquement la compagnie des humains, et cela pour une raison principale : ils sont voleurs dans l’âme. Je ne connais personne capable de fréquenter un Pixie plus de trois minutes sans se voir délester d’un quelconque objet. La rapine est pour eux un jeu, un sport national, une tradition. Mais plutôt que de vol pur, ce qui pourrait les vexer (majoritairement joyeux, ils peuvent parfois devenir ombrageux s’il l’on est irrespectueux ou grossier), il est préférable de parler d’empruntage sportif.
Car en effet, le but du Pixie n’est pas de vous priver de votre bien. C’est dans l’acte d’emprunter, dans la montée d’adrénaline, dans le défi intrinsèque qu’est le plaisir du Pixie. Une fois capté, l’objet en lui-même n’a plus aucune valeur. Il suffira de demander au Pixie de vous le rendre pour qu’il vous le tende avec un sourire désarmant. De même, s’esclaffer : « mais, où est ma bourse pleine d’or ? », suffit à ce qu’il vous réponde, d’un air parfaitement chérubin : « c’est moi qui l’ai ! ». Rien de bien méchant, donc, et pour tout dire une certaine innocence.
De la même manière, il faut savoir que les pixies font partie des plus samaritaines races Féeriques. C’est là une question de mœurs et de tempérament : elles adorent aider, rendre service, dépanner, rabibocher, décoincer, filer des coups de pouce en douce. Toutefois, il y a à cette aide quelques conditions préalables. Tout d’abord il faut le demander. Simple question de politesse. Un Pixie peut bien un jour vous sauver la vie, mais si vous ne demandez pas explicitement son aide, il passera son chemin et vous laissera mourir sans se retourner. Il suffit de le savoir.
Plus subtiles sont les conditions liées au demandeur. Les Pixies n’aideront pas les âmes viles, intéressées, mesquines. On a les a même déjà vu, dans ce cas, rajouter un brin de méchanceté à leurs blagues. De même, ils peuvent devenir de terribles gardiens tant leur caractère peut tester drastiquement votre patience et votre humour, protégeant un lieu bien mieux qu’une lourde épée !
Par contre, par nature, ils se tiendront toujours aux côtés des cœurs d’enfant, des malchanceux abandonnés de la vie et des amoureux éperdus.
Ainsi sont les Pixies. Un peuple sans age, insaisissable, changeant, miroitant. Le miroir de notre âme, peut-être.


Les Danthiennes

On l’a vu, les êtres Féeriques semblent surtout s’attacher à l’âme des choses, des lieux ou des êtres. Qui peut dire quelles surprises cet attachement nous réserve encore, tant l’âme va se nicher, au gré des fantaisies et des jours, dans des recoins insoupçonnés.
Ainsi en va-t-il des boudoirs où les dames se maquillent, des poudriers remplis de brume nacrée, des armoires ouvragées où se rangent soies, dentelles et velours, des coffrets précieux où s’enroulent perles, mailles et pierreries chatoyantes, des flacons cristallins ou miroitent des parfums ambrés à chavirer les sens.
Détrompez-vous, rudes guerriers et austères magiciens : tout cela n’a, chez certaines femmes du moins, rien de superficiel. Au contraire : accuse t-on la fleur d’insoutenable légèreté lorsque qu’elle entoure des plus belles couleurs ses pistils offerts au butinage ? Blâme-t-on le ciel de se parer d’écharpes de nuages, de gouttes de pluie, de colliers d’étoiles, et de changer de diadème à la tombée du jour ? Vilipende-t-on la coquetterie des prairies au printemps et des forêts en automne ?
Ainsi, rechercher la beauté, se parer subtilement, susciter l’émoi et attirer la vie est pour certaines une délicieuse manière de plaire au ciel et à la terre, de frôler le mirifique en hommage au charme des jours qui s’écoulent.
C’est en des lieux ainsi dédiés, et en si belle compagnie, que vivent les Danthiennes. Elles aident à choisir les couleurs, les frous-frous, elles nouent lacets et rubans, conseillent jupons moirés et bustiers pigeonnants, harmonisent fards et bijoux, et, d’un peu de leur poussière enfaytée, rajoutent un peu de brillant au carmin des lèvres, aux boucles échevelées, au bleu nuit qui enclos les yeux pour en faire des étoiles.
Et quand la Dame s’en est allée, belle comme le monde, la Danthienne profite à elle seules des trésors du boudoir, essaie, échange, range, un peu, danse dans les gouttes de parfum et prend des bains de perle. C’est là le grand bonheur de la gironde fayette, et qui peut savoir qui, à son tour, elle a maintenant envie de séduire…


Les Korrigans

S’ils sont malgré tout, dans un certaine mesure et dans une logique qui leur est propre, tout à fait respectables, les Korrigans ne sont pas pour autant très fréquentables pour les humains.
Par nature, ils ont, il faut bien le dire, un sens de la propriété assez incompatible avec celui de l’humain moyen. Le Korrigan est voleur dans l’âme, avec une constance proche de la cleptomanie. Mais il n’a pas l’intention, tel un doux Pixie, de vous rendre l’objet dès après le larcin ! Ce qu’a volé un Korrigan lui appartient désormais. C’est une question d’honneur et de morale.
Mais le vol n’est qu’un moindre mal sur l’échelle de leurs méfaits : il leur arrive en effet de s’organiser pour attaquer quelques communautés, et, même si les violence perpétrées ne seront que celles strictement nécessaires, c’est bien de pillage dont il faut parler ici.
Et bien entendu, troisième degré de la rapine, le kidnappage a sa cote assurée dans les passe-temps korriganiens. Voler une personne est pour eux le point de plus délicieux de l’excitation cambriolesque. Même si un autre problème se pose en ce cas : que devient la dite personne ?
Mais ne noircissons pas le tableau : les Korrigans ne sont que peu cruels, et se laissent rarement aller à la torture gratuite. De même, ils ne seront que très rarement assassins, bien qu’un de leurs sports populaires implique l’utilisation d’une tête d’humain.
A leur manière, comme je le disais, ils peuvent même être sensibles aux âmes nobles… Les conteurs parlent de cette homme qui, par mille hasards de circonstances, s’est retrouvé dans les grottes souterraines des Korrigans, avec la permission de fouiller dans leurs trésors amassés et de prendre ce qui lui semblait avoir le plus de valeur. L’homme a délaissé pierreries, orfèvreries et argenteries pour repartir avec une petite poupée dont les yeux, selon ses dires, lui inspiraient la tendresse.
Les Korrigans ont été, paraît-il, extrêmement impressionnés par son attitude, et l’on laissé repartir dans un silence étonné mais respectueux. Si l’histoire dit vrai, le village de cet homme n’a plus jamais eu a subir les razzias des Korrigans.
Comme quoi, il suffit de savoir. Mais croyez moi, il vaut mieux savoir avant.


Dernière édition par le Sam 5 Fév - 11:49, édité 1 fois
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Cian
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MessageSujet: Re: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:44

Le Mourioche

Calamité.
Pur Chaos.
Vraie Faux.
Blagues.
Qui tournent très mal.
Je ne peux ni ne désire en dire plus.
J’envoie mes respectueuses salutations au Seigneur Mourioche.


Les Clocktomtes

Les secondes ne défilent pas, elle s’égrènent.
Elles s’effilochent comme le sable doré dans un grand sablier.
Mais le sable grippe les rouages et les Clocktomtes n’ont point de grain.
Si, comme certains mystiques le disent parfois, le monde et le temps sont régulés par une immense mécanique céleste, et que même la ronde des planètes ne se déroule pas sans cliquetis, alors nous pouvons être sûrs qu’il y a du clocktomte là-dessous.
Et nous pouvons également nous rassurer. Jamais l’univers ne bloquera ou ne sautera en un jaillissement de ressorts accompagné d’un « gaw » sonore.
Car ces Féeries à la vue perçante et aux longs doigts fins s’y entendent comme personne en fine mécanique, leviers, trébuchets, rouages et engrenages n’ont point de secret pour eux. Ils fabriquent des pures merveilles d’horlogerie, des délicates mécaniques aux roues s’entraînant avec la précision d’un enchevêtrement de dentelles.

Ils sont assurément les fabricants des seules horloges (objets destinés à mesurer le temps et à le rythmer de certains sons harmonieux) que vous trouverez sur le continent.
On leur doit également des boîtes à musique d’une finesse remarquable, dont les mélodies auraient, selon certains, des vertus magiques.
Ils fabriquent, plus rarement il est vrai, des automates plus vrais que nature, et même plus beaux. On parle de poupées de cristal et de jade réalisées par des vieux Clocktomtes fatigués de solitude.
Malheureusement, on leur doit également l’invention d’un ignoble appareil de torture, qu’ils ont cyniquement appelé réveil. Le but de la chose est de programmer le moment précis où vous désirez vous réveiller, moment auquel le dit appareil se met à émettre des bruits stridents.
Personnellement, je trouve la chose ignoble. Je ne voudrais en aucun cas que cela interrompe un de ces rêves où une belle et délicate automate cliquète pour moi de ses yeux précieux en agitant ses longues boucles de soie.


La Puck

Printemps.
Toute la nature semble se retenir d’éclater de joie.
Le sol semble vibrer, gonfler de mille énergies.
Les Géants et les Sorcières de l’hiver s’en sont retirées en d’autres terres pour manigancer leur retour.
Les oiseaux secouent leurs ailes, en font tomber des pétales de givre.
La glace fond lentement, et de petits filents d’eau font à nouveau chanter les ruisseaux.
Le Roi des Houx cède sa place, pour quelques mois, au roi des Chênes.
Le petit soleil prend congé de nos cieux et laisse sa place au grand.
Au fond de la forêt, dans une clairière reculée, un tapis de feuilles désséchées tressaille et s’envole sous les soubressaults d’une longue chrysalide.
Le cocon nacré se fendille soudain, s’écarquille, se brise enfin. A l’intérieur, le visage tout ensomlmeillé de son long sommeil hivernal, La Puck ouvre un œil de petit oiseau sur le monde autour d’elle.

C’est le printemps !
Aussitôt elle jaillit de son oblongue baldaquin et se met à rire comme clochettes d’argents, à gambader avec une légereté de funambule. Les oiseaux se rassemblent et écoutent : elle leur apprend leur chant. Les animaux un par un viennent prendre conseil : elle leur parlera d’amour. Les fleurs se parent des plus sensuelles couleurs : c’est pour l’imiter.
Car justement : voici qu’elle se rend compte qu’elle est nue comme le premier jour du printemps, et soudain se tisse quelques ceintures de lierre pour sa taille et d’autres corolles pour ses rondeurs hardies. Et puis non ! les fleurs seront pour une couronne, le reste est très bien comme ca. Tout au plus se dessniera-t-elle, certains matins, quelques arabesques de miel sur la peau.

Pour le reste, elle est très active : elle joue avec les écureuils et les pinsons, papote avec les hiboux et les blaireaux, s’entrelace des escarpolettes de lianes et de lierre entre les arbres complices pour aller se mirer dans la lune, elle chante, danse fort joliment, consacre des journées entières aux plus douces rêveries.
Puis un jour, elle sentira la fatigue la gagner, doucement. Elle baillera, s’étirera, se fera un nid de mousse. Et bientôt les premiers flocons viendront sceller le cocon d’un nouvel hiver. Jusqu’au prochain printemps.
Voilà comment j’imagine La Puck. Car la voir ou la rencontrer est bien plus grande affaire. Seules quelques filles des bois, sauvageonnes au parfum d’humus, ont pu s’en approcher. Car La Puck est farouche plus encore que délicate, et n’accepte quasiment pas d’humain dans son entourage.
Faut-il y voir une raison ?
Personnellement, je la crois précieuse plus qu’on ne saurait le dire.
Car enfin qui pourra répondre à cette question :

Le Printemps réveille-t-il La Puck ?
Ou La Puck réveille-t-elle le Printemps ?

Annexe 1

Les cours Feéeriques

3 branches dans la vie d’un même arbre, 3 étoiles dans le même ciel, 3 mots dans le même regard, telles sont les 3 cours, appelées aussi Vassaleries, qui forment les reflets de l’indicible beauté de la Féerie.
Deux monarques scintillants, Engueran et Isoriane, règnent sur ces mondes. Il savent tout mais viennent rarement, et s’ils se montrent c’est au son de tant et tant de clochettes d’argent, parés de plumes et de forêts, de colliers de feux follets, de fils tissés d’araignées bleues, et leurs yeux sont les plus brillants atours de leur éclatante parure.

La Vassalerie Seelie

Lorsqu’un Seelie apparaît, c’est toujours avec la fraîcheur d’une nouvelle aube, et le plus désabusé des cœurs en sent au tréfonds de lui la scintillance d’un nouveau possible, l’inoubliable étincelle de ce que l’on croyait à jamais perdu.
Les Seelies sont pétris de lumière du jour, et il serait faiblard de dire qu’ils apportent l’espoir. Ils sont à même, d’un simple sourire pâle, d’amener une lumière neuve sur un pan entier de votre vie, même si l’on ne saurait trop conseiller de se méfier des éclats aveuglants des beautés du milieu du jour.

La Vassalerie Unseelie

A l’heure où l’ombre s’étend, où l’obscurité rend menaçante la plus anodine silhouette, quand la solitude pèse sur l’être et que les souvenirs mélancoliques semblent si mêlés à une tristesse sans fin – et pourtant si belle - , alors l’Unseelie ressert son emprise sur notre cœur.
L’enfant le sait, lui qui craint le noir. L’adulte tait sait peurs, lui qui n’a plus l’innocence du regard, et il perd peu à peu toute protection contre ce qui rôde dans l’ombre et finit par glisser jusqu’en son âme même.
Les Unseelies sont automne et hiver, ils ont l’austère beauté d’une branche nue et tordue. Ils sont la peur dans le sang. Ils sont la mâchoire du monde. Il sont une chance donnée à l’histoire d’exister.
Certains hommes, dit-on, ont voulu écouter jusqu’au bout le message de la nuit. Ils ont marché jusqu’à ces terres où la neige froide et scintillante recouvre la branche tourmentée.
Ceux qui sont revenus ont choisi de se taire.

La Vassalerie crépusculaire

Que dire de l’improbable rencontre des deux opposés d’un même cercle ? Que dire de ceux qui ont couru la ronde jusqu’à comprendre, par choix ou par obligation, l’autre côté.

Patrie des exilés, des bannis des deux clans, des inclassables du chaos, des êtres plus complexes que la folie, parfois de passage et jamais de nulle part. Funambules des mondes, impossibles équilibristes, ils ont élu domicile entre le sommeil et la veille, entre chien et loup, dans l’horizon emperlé d’un infini crépuscule.


Dernière édition par le Sam 5 Fév - 11:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:45

Annexe II

Quelques traditions

Comme précisé dès l’introduction, le contact avec les Féeries est sur ce continent, bien que jamais banal, très courant et même quotidien. Les humains affichent envers eux le plus grand respect, et entretiennent ce qu’il est convenu d’appeler des relations de bon voisinage.
Mais les mœurs et la morale Féerique sont très différents de ceux des humains. Voici donc quelques traditions qu’il est de bon ton d’observer et auxquelles les habitants du continent ne dérogent jamais.

- Les maisons se doivent d’être accueillantes pour les Féeries. Dès leur conception, elles sont prévues à cet effet et ménagent systématiquement deux entrées : une sur le devant, une sur le derrière. Une de ses deux portes se doit d’être constamment ouverte, si possible les deux pour ne pas emprisonner le vent.

- Que ce soit en hommage dans une clairière, auprès d’une source, d’un arbre ou simplement sur le rebord de la fenêtre, un petit bol plein de crème sera très apprécié des Féeries. Bien sûr, le célèbre « Lait des Fées » n’en sera que plus aimé.

- Porter ses vêtements retournés protège des Féeries. Ceci dit, cela ne fonctionne qu’avec certaines espèces, dans certaines conditions, en certains endroits, à certains moments. C’est une science encore assez inexacte.

- Si l’on se retrouve pris dans une ronde où les Féeries insouciantes vous entraînent dans leur danse jusqu’à la mort, retourner son gant et le jeter au sol est la seule chance de salut.

- Certaines espèces sont plus axées sur les plaisirs matériels que l’on ne l’imagine. Alcools, tabacs, et même or peuvent avoir leur succès auprès de la branche gnomique.

- Les Féeries sont extrêmement attachés à leurs vêtements. Ne leur en offrez jamais de nouveau, ce serait un affront sans nom.

- Partager la première gorgée de votre vin ou votre première bouchée du repas avec la terre prouvera aux Féeries votre volonté d’échange et d’harmonie avec le lieu.

- Lorsque l’on sent une forte bourrasque de vent, il est d’usage d’ôter son chapeau à son passage et de dire « Messieurs, que les Dieux vous accélèrent ».

- Les Fées et les plus délicates espèces apprécieront plus que tout un poème ou une chanson écrit par vos soins à leur intention. Mais cela ne suffit pas.
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MessageSujet: Re: Les carnets de Cornelius Fada   Les carnets de Cornelius Fada I_icon_minitimeSam 5 Fév - 11:46

Annexe III

Les Fêtes Féeriques

Bien que le quotidien soit en compagnie des Féeries une fête perpétuelle, trois moments plus particuliers marquent leur calendrier et sont l’occasion de réjouissances très particulières.

Le solstice d’été

Afin de fêter le jour où les énergies du monde sont au plus haut, les Féeries se rassemblent en grand nombre, et partout éclatent mille feux de la fête. C’est une occasion unique de se retrouver, de savourer la bière de Mars, le cidre des Pommes des Iles aux Fées, de chanter et de danser jusque tard dans la lune et de s’encanailler dans les hautes herbes pour de tendres lutinages. C’est aussi l’occasion d’écouter les conteurs humains, car certains d’entre eux, et c’est grand honneur, sont invités. Ainsi en va-t-il pour les poètes, les doux rêveurs et les herboristes sachant respecter les cadeaux de la Mère Nature.

Le solstice d’Hiver

C’est bien là une fête, mais d’un tout autre genre, car s’il faut célébrer les rythmes de la vie il faut tinter à l’unisson d’un monde qui s’endort et des feuilles qui s’échouent au sol. Les Féeries se regroupent cette fois par tout petits groupes, restent parfois même dans une solitude qui semble infinie et composent des odes à la beauté tragique et à la mélancolie sans fond. C’est une fête étrange, d’une beauté tragique. Où tous les humains sont conviés sans le vouloir. Voudraient-ils ce soir là faire là fête qu’ils ne le pourraient pas, tant la mélancolie s’est déversée sur le monde comme un manteau d’ombre pâle.

La Ripaille

C’est assurément la plus impressionnante des fêtes puisque toutes les Féeries se doivent de s’y retrouver, à la cour même d’Enguerrand et Isorian, et ce pour commémorer la date du Sauvetage. Quelle fête cela doit être ! Quel chatoiement noué aux fils de milles ambiguïtés ! Quels mets délicieux doivent être servis ! Quels nectars cultivés par les Fées doivent être dégustés ! Imaginez les musiques, les chants, les lumières !
Mais imaginez seulement. Car les humains qui assistent à cette fête sont extrêmement rares, triés sur le volet, et participent sous le sceau du secret, peut-être même la fête se termine-t-elle pour eux par un doux élixir d’oubli.
Peu importe. L’oubli est gage d’innocence. Les Féeries l’ont bien compris.
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